Le Harpon du Diable (Cantal)

Le Harpon du Diable (Cantal)

Au paradis Saint-Pierre était surchargé de travail, si bien qu’il avait bien mauvaise mine. Un jour, Dieu-le-Père, bien conscient de l’état de faiblesse du saint, lui ordonna de se rendre à Vic-sur-Cère pour qu’il y prit les eaux. La Font Salada (NDRL: la fontaine salée) de Vic était connue depuis l’époque gallo-romaine. Ses eaux auraient guéri de nombreuses maladies dont l’anémie de Marguerite de Valois, la reine Margot, épouse d’Henri IV en 1586. L’exploitation des eaux minérales de Vic-sur-Cère survécut jusque dans les années trente.

Viviane et Merlin de Gustave Doré vers 1867

Sur le chemin, après avoir été saluer Notre-Dame de Lescure à Valuejols, il rencontra une belle jeune fille qui se rendait à Vic, elle aussi, et pour la même raison, ils firent route ensemble. Cette dernière était charmante et d’une humeur fort joyeuse. Saint-Pierre apprécia grandement cette compagnie réjouissante dans cet effort. Saint-Pierre marchait aussi vite que ses vieilles jambes pouvaient mais petit à petit, le soir tombait.

Au crépuscule, lorsqu’ils arrivèrent à l’arête de Brécoune, la fille prétextant la fatigue, invita alors le saint à se reposer sur l’herbe tendre. Saint Pierre  était sur le point d’acquiescer quand il vit passer une flamme étrange dans les yeux de sa compagne.
Il tomba à genoux et commença à prier Dieu et Notre-Dame en faisant de grands signes de croix. Dans l’obscurité, il vit sa compagne de route devenir blême. Alors il comprit que c’était le diable qui avait prit l’apparence trompeuse d’une jeune fille.

Les yeux de celle-ci jetaient des éclairs, des cornes horribles poussaient sur son front, un ricanement affreux sortit de ses entrailles; le diable en personne se dévoilait. Aussitôt, une lutte terrible s’engagea entre les deux : l’herbe s’enflammait sous leurs pieds, des éclairs parcouraient la montagne et une odeur nauséabonde se propagea dans les airs. Malgré son âge et porté par la force divine, Saint-Pierre livrait un terrible combat contre Satan. Il l’empoigna pour l’envoyer dans un grand fracas rouler au fond du ravin des Gardes. Le diable tenta vainement de résister ; il ne réussit qu’à laisser dans la roche l’empreinte de ses cinq griffes qu’il y avait plantées. Ce sont ces cinq grandes crevasses appelées Le Harpon du Diable, aujourd’hui orthographié L’Arpon du Diable, entre le buron de Pranada et le Puy Brunet.

Bibliographie :

  • BRUGES Daniel,  » Les mystères du Cantal », Éditions De Borée, 2010.
  • LAURAS-POURRAT Annette, « Guide de l’Auvergne mystérieuse », Éditions Tchou, 2000.
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