« Hope », un premier album pour le groupe SilicOn Carne, une musique « épicée » et pleine d’espoir.

« Hope », un premier album pour le groupe SilicOn Carne, une musique « épicée » et pleine d’espoir.

Interview parue sur le site d’informations locales infos-dijon.com le 20 février 2011.

Ce jeune groupe dijonnais donne actuellement une série de concerts un peu partout en France pour la sortie de leur premier album « Hope ». Un titre évocateur et plein de promesses pour ce groupe de folk rock revendiquant la diversité culturelle comme une force créative. D’origine américaine, asiatique et ibérique, Antoine, Bérénice et Clément forment le groupe SilicOn Carne. Comme le célèbre ragoût texan, ils mélangent leurs influences pour créer un véritable Melting pot musical relevé par une mélodie épicée. Les membres de ce groupe en pleine émergence sur les scènes de musiques actuelles ont répondu à nos questions.

S.H-M : Avec un titre d’album d’aussi bon augure, selon vous, d’où pourrait venir l’espoir ?

Bérénice : Du fait que chacun d’entre nous n’est que le prémisse de ce qu’il sera demain !

Clément : Pour moi, l’espoir vient du rêve, c’est un idéal que l’on construit et qui nous fait avancer. En tout cas, c’est le message que l’on a envie de faire passer.

Antoine : L’utilisation du titre  » Hope  » pour notre premier CD est porteur d’un espoir assez général. Il évoque d’abord notre espoir de jeune groupe pour aller de l’avant. Pouvoir continuer de jouer en apportant à ceux qui écoutent notre musique un sentiment de bien-être. C’est aussi l’espoir pour nous tous, sortir d’un certain état d’esprit négatif et morose,  se libérer d’une société bien trop souvent écrasante, et pouvoir ainsi s’épanouir en retrouvant les belles choses simples de la vie.

S.H-M : Pouvez-vous nous expliquer votre façon de composer et comment décidez-vous de mélanger les styles ?

Antoine : Nous avons c’est vrai chacun nos préférences en matière de genre musical: Bérénice a un préférence pour le rock calme des années 90, pour l’electro-pop, pour la folk, elle écoute aussi les diverses musiques du monde. Clément quant à lui a une attirance pour tout ce qui est plus  » violent « : le métal, parfois hardcore, le hard rock… Qu’il écoute même le matin en se levant ! En ce moment, il découvre le chant mongole. Ma préférence à moi se trouve plus dans le rock indépendant, le pop rock, l’electro rock, le rock folk, le jazz ou l’electro jazz, et aussi tout ce qui peut paraître un peu étrange dans la musique contemporaine. Mais en général nous écoutons tous un peu de tout et nous pouvons puiser notre inspiration dans n’importe lequel.

Clément : Ce n’est pas vraiment une décision le fait de mélanger les styles, on le fait vraiment naturellement. Comme l’a dit Antoine, on vient tout les trois d’univers musicaux différents et on ne se restreint pas sur un genre en particulier lorsque l’on compose. On reste spontané sans s’interdire aucune limite dans nos choix, c’est pourquoi on ne sait jamais vraiment quelle tournure va prendre la musique.

Bérénice : Les compositions sont généralement issues soit d’un bœuf soit d’une idée amenée par l’un des membres du groupe. Pour le texte c’est le plus souvent Antoine qui s’y colle ! Pour le style, chacun propose sa vision du morceau avec son instrument et nos influences ressortent  de manières naturelles.

Antoine : Clément, bien que batteur du groupe, propose de plus en plus de mélodies à la guitare ce qui apporte davantage de nouveauté et de diversité. Bérénice, elle, contribue aussi à l’apport des mélodies, souvent les plus douces avec sa petite touche de féminité sans doute.

S.H-M : Pourquoi chantez-vous en anglais ?

Antoine : L’anglais est ma deuxième langue maternelle, ma mère étant américaine. le style de musique que l’on joue aussi, ancrée principalement dans les pays anglo-saxons, a contribué à notre choix d’écrire en anglais. Je sais que beaucoup de Français sont comme allergiques à l’anglais et que ça nous est donc pas forcement bénéfique comme choix, mais c’est pour moi plus facile de chanter en anglais par mes origines, mes influences musicales, les sonorités qu’apportent cette langue, sa maniabilité, et la possibilité qu’elle apporte de faire voyager les chansons hors de nos chères frontières françaises.

Bérénice : Il est certain que d’une manière générale le chant en anglais apporte plus de fluidité, les contraintes de versifications se font moins sentir et permettent de privilégier le fond à la forme. Même si d’un point de vue tout à fait personnel,  j’aime les mots de la langue française en particuliers les plus désuets ou ceux qui tendent à disparaître.

Clément : Notre musique est faite pour faire voyager, l’anglais permet de pouvoir toucher différentes personnes sans avoir la barrière de la langue.

S.H-M : Quelle est la différence entre l’album et le live pour le public mais également pour vous en termes de plaisir de jouer ?

Bérénice : L’exercice du studio et celui de la scène sont réellement différents. Le studio permet de « figer » un morceau,  une sorte de « photographie auditive ». Les choses sont calées, réfléchies et faites pour  être écoutées d’une manière peut être plus réfléchie. La scène, c’est l’émotion du morceau, l’énergie du groupe, il y a quelque chose qui relève de l’urgence et de l’éphémère, d’un concert à l’autre un morceau peut prendre une couleur tout à fait différente

Clément : On retrouve une énergie différente sur les deux. Sur l’album, nous avons plus travaillé sur sa couleur. Nous avons profité du studio pour nous permettre plus de sonorités différentes dans nos orchestrations. Nous avons eu la chance de pouvoir enregistrer une partie théorbe* joué par Etienne Galletier sur le titre « In The Name Of God ». Sur ce titre, Antoine a fait tout un travail sur sa voix en ajoutant différentes mélodies à son chant principal. En live c’est plus une énergie brute qui est délivrée, On aime bien vivre notre musique de manière intense et le communiquer au public. Le public se laisse emporter par leurs émotions, après chacun interprète à sa manière l’énergie qu’il reçoit. C’est un véritable échange avec le public.

Antoine : Oui, les concerts sont vraiment l’occasion d’avoir un contact privilégié avec les personnes présentes. Pour ma part, le plaisir de jouer pour des gens et avec des gens, est immense. Je considère l’album comme un support pour donner l’envie à l’auditeur de venir voir le groupe en concert ou de lui rappeler le concert s’il est déjà venu à l’un d’eux, qu’il puisse revivre quelques images dans sa tête et dans son cœur. En live, c’est un vrai spectacle que nous voulons offrir aux gens et de leur faire ressentir des choses en eux, nous travaillons ainsi plus sur le moyen de faire naître ces sentiments et donc sur une musique  » sensorielle « .

S.H-M : Justement, vous concevez vos concerts comme un véritable spectacle avec des guests, comment travaillez-vous pour préparer la scène ?

Bérénice : Si nos concerts semblent être conçus comme des spectacles c‘est que les morceaux sont très visuels, chacun d’entre nous à des images ou des couleurs bien précises en tête pour chaque titre. Les chansons sont des histoires ou des tableaux…Et nous y projetons nos propres interprétations. Quant aux « guests » qui ont beaucoup travaillé, dans des délais souvent courts ; qu’il s’agisse des danseuses, Aline et Aouatef, du théorbe Etienne ou des percussions de Jamot du groupe Fathaya Sound Syndicate, je dirais que « l’occasion fait le larron » ! Les conditions scéniques se prêtaient à de nouvelles expériences. Les rencontres humaines et l’envie de partager ont été décisives.

Clément : On aborde la scène comme un moment très particulier où tout est possible. On travaille d’abord notre set liste pour que la musique parle d’elle même. Il y  a des titres que nous jouons qu’en live comme « Jimmy » où il y a beaucoup de percussions et de chant tribal. Lors des concerts on essaye de faire voyager le public, c’est pourquoi le visuel est très important pour nous. Nos tenues de scène, notre présence scénique, le décor soulignent le mélange de nos trois énergies réunies dans la musique. On écoute aussi beaucoup les conseils de nos techniciens pour le son, la lumière ou les décors.

S.H-M : Vous revendiquez clairement vos origines à travers la musique, vous pensez que les racines sont un élément essentiel dans l’accomplissement d’une vie d’artiste ?

Antoine : Oui, dans l’accomplissement d’une vie d’artiste ou même d’une vie en général. Un arbre ne peut grandir et vivre sans ses racines, même cachées. Pour moi un artiste puise d’autant plus dans ses racines et ne les cache sans doute moins que quiconque. Son oeuvre est forcement liée à ses racines car l’inspiration lui souffle à l’oreille une idée qui est à la fois liée au passé de l’artiste et à la fois au présent qu’il est en train de vivre.

Bérénice : « Quand on ne sait pas où l’on va on regarde d’où l’on vient » ! Le terme revendiquer est peut être un peu fort, mais oui, la musique reflète ce que l’on est. Elle raconte ce que l’on ressent et est marquée par notre vécu.

Clément : Je pense aussi que nos racines c’est ce qui nous construit et nous influence à chaque moment et dans chacun de nos choix de vie.  Nous faisons notre musique et nous jouons avec nos tripes, avec nos ressentis. Nos influences viennent  de notre histoire et de ce que l’on vit tout les jours. La musique a un coté thérapeutique et elle permet d’exprimer ce que nous avons au fond de nous. Le fait de jouer en acoustique, c’est aussi pour enlever tout superflu et utiliser que des sons naturels. Donc oui, nos racines sont essentielles dans notre démarche musicale.

S.H-M : Dans votre bio, vous indiquez que le groupe est né en 2008 à la suite d’un « bœuf » improvisé lors de la journée du Téléthon. En 2010, on vous a retrouvé à Dijon à la journée mondiale de l’autisme et à la journée de l’Accueil Jeunes Chevreul-Parc pour soutenir les projets des jeunes du quartier, alors les SilicOn Carne ont un côté militant ?

Clément : Un coté militant, oui ! Aujourd’hui on a besoin de s’entraider pour faire évoluer nos idées et nos envies. SilicOn Carne a la chance d’être accompagné et aidé par différentes personnes et structures notamment de nombreuses associations dijonnaises : Utopy’Art, Rézo’Fêt’Art, La Bouche à l’Oreille et bien d’autres encore. On essaye donc à notre manière d’aider d’autres structures qui croient en se qu’elles font et qui veulent avancer. C’est un échange.

Bérénice : Non, je ne dirais pas que c’est être militant de jouer pour des assos. On est bien sûr en accord et sensibles aux actions que portent les assos pour lesquelles nous avons joué, mais on a simplement donné un coup de main. Ça nous a fait plaisir et on espère que ça a pu aider les assos. Pour résumer; si on peut filer un coup de main…

Antoine : Coté militant non, je ne pense pas non plus. Nous avons certes des valeurs pour lesquelles nous aimons œuvrer et si c’est avec l’aide de notre musique alors nous en sommes heureux. En toute honnêteté, je ne serais personnellement pas allé à ce genre de manifestations si nous n’avions pas été invités à y faire un concert. Et à chaque fois nous avons été invités et non demandeurs, donc on ne peut pas vraiment dire que SilicOn Carne est militant, mais c’était à chaque fois un grand plaisir de pouvoir participer et de pouvoir apporter notre soutien pour toutes ces causes et nous continuerons à la faire pour toutes les causes qui nous touchent.

S.H-M : A l’origine, il y a Dijon, quels liens conservez-vous avec cette ville ?

Bérénice : Dijon, c’est la ville que j’ai choisie pour mes études après le bac. J’aime sa richesse culturelle, son architecture et sa taille humaine. Le quartier Zola, les halles et leurs allures de gros village me tiennent à cœur.

Clément : Je me suis installé à Dijon, il y a maintenant près de deux ans pour rejoindre Bérénice et créer le groupe. J’ai découvert une ville agréable où j’ai rencontré de nombreuses personnes qui nous ont permis d’avancer. Dijon a une vie associative très active et un patrimoine culturel et historique très intéressants, je m’y sens bien.

Antoine : J’ai été étudiant en musicologie à Dijon pendant 2 ans, c’est ainsi que se sont fait mes premiers pas dans cette ville. Au départ, je n’avais pas de lien particulier avec la ville, je ne m’y plaisais même pas forcément bien. Mais depuis que je suis membre ou lié d’une façon ou d’une autre à plusieurs associations dijonnaises, que je connais quelques beaux coins de nature pour des ballades, et que je fais beaucoup de musique, j’ai une autre vision et un autre ressenti avec cette ville que je trouve de plus en plus belle et agréable.

S.H-M : Quels artistes ont été déterminants dans votre choix de faire de la musique ?

Clément : Ceux qui m’ont lancé dans la musique ont été, et le sont toujours d’ailleurs,  des groupes comme Slipknot, Lofofora ou Gojira. Le métal et le hardcore ont influencé et construit mon jeu de batterie avec une frappe efficace et un jeu à la double pédale assez présent. En parallèle, j’ai découvert le jazz en dilettante au travers des clubs de jazz ou de différents bœufs.

Antoine : En tout premier lieu et sans aucun doute, ma mère. Elle était chanteuse-guitariste dans son groupe de country music qui portait son nom «  Kate », et donc depuis mon plus jeune âge, je l’ai entendu chanter. Nous étions souvent présents avec mes frères et sœurs lors de ses concerts. Il y avait donc de la musique en permanence dans notre maison, chacun jouant au moins d’un instrument dans ma famille. Par la suite, l’envie de vraiment me lancer dans la musique est apparue surtout en écoutant des groupes comme Radiohead, The Red Hot Chili Peppers, The Smashing Pumpkins, Saez, Coldplay, Joni Mitchell, Jimi Hendrix, …

Bérénice : Mathieu Chédid, Georges Harrison, Zazie, Rodrigo y Gabriela, Mademoiselle K…mais c’est dur de se limiter dans le choix !

S.H-M : Et qu’écoutez-vous en ce moment ?

Bérénice : Miss Platnum avec l’album « The Swetest Hangover » et Peter Fox, deux artistes allemands que je vous invite à découvrir pour leur originalité. Le dernier album de Mademoiselle K, « Jouer dehors » et Gustavo Santaolalla pour ses B.O qui me font voyager. Et toujours Rodrigo y Gabriela !

Clément : Parmi les artistes présents aujourd’hui, c’est devenu plus varié comme Nosfell, Primus, Philip Glass, Hightone, Domb, Epi ou huun huur tu… Une musique mongole. Après j’ai un batteur dont j’adore le jeu ; c’est Benny Greb !

Antoine : En ce moment je ré-écoute beaucoup Radiohead. J’écoute aussi pas mal le dernier album de Kings of Leon, le premier album de Feist en attendant avec impatience son prochain, Fink aussi. En revanche, j’ai pas tellement accroché sur le dernier album de PJ Harvey. J’ai aussi une grande envie de me repasser du Mickael Jackson en ce moment. Pour les dernières révélations, j’ai très agréablement découvert Ana Calvi que je vais aller voir en concert bientôt à Dijon, j’ai hâte ! J’essaie aussi d’écouter à nouveau la nature, les oiseaux, les arbres, le vent en me promenant souvent.…Son calme m’apaise et me revigore.

S.H-M : Vous avez des dates à Dijon prochainement ? Et où peut-on se procurer votre album ?

Clément : On pourra nous retrouver aux Tanneries le 25 mars pour la semaine de l’environnement, puis au Sé Bar avec un autre groupe d’amis parisiens « So Was The Sun ». Toutes nos dates sont sur notre myspace: www.myspace.com/silicon-carne. L’album sera en vente au magasin Ciel rouge, rue Jean-Jacques Rousseau, et au Rézo’Fêt’Art, leurs locaux sont situés derrière la gare au 3 rue Blairet, et peut-être bientôt à la FNAC.

Antoine : Tout le monde peut aussi se procurer notre album à 5 €, en nous contactant par mail à contact.siliconcarne@gmail.com , on vous le donnera en main propre ! Nous espérons avoir d’autres points de vente très bientôt dans la région.

S.H-M : Pour revenir à SilicOn Carne, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Antoine : Souhaitez à SilicOn Carne la possibilité de faire encore beaucoup de concerts en cette année 2011 pour notre grand plaisir et nous l’espérons le votre aussi. Voila le principal.

Bérénice : Je dirais une suite simplement !

Clément : Encore plus de rencontres, de personnes avec qui partager notre univers, encore des concerts, voyager dans différents pays et toujours autant de plaisir qu’aujourd’hui !

Sarah HUBERT-MARQUEZ

Share