Les civilisations englouties

Les civilisations englouties

Article paru dans le N°2 de la revue associative Freaks Corp. en janvier 2010.

«  Des siècles viendront, dans la vieillesse du monde, où l’Océan rendra la liberté aux choses, où la terre s’étendra immense, où Thétys découvrira des continents nouveaux, où Thulé ne terminera plus le monde. » Sénèque

Qui n’a pas été fasciné par ces mythes de paradis perdus ? Les Champs Élysées des grecs , l’île d’Avalon des gallois, Le jardin d’Eden de la Bible, la Thulé des irlandais, l’Atlantide de Platon… Partout dans le monde courre l’empreinte de cataclysmes et de déluges qui auraient submergé des continents entiers. Les récentes découvertes géologiques (1998) de William Ryan et Walter Pitman des fonds de la Mer Noire confirment qu’il y a environ 12 000 ans le réchauffement de la planète a provoqué la fonte des glaces et une montée exceptionnelle du niveau de la mer de 150 m sur une période d’un an. Pourtant la communauté scientifique conteste l’existence de continents engloutis. Alors que savons nous de ces mythes et qu’a-t-on découvert ?

L’Atlantide de Platon

Dans son Timée et Critias, Platon nous rapporte l’histoire que Solon (- 557 av JC) aurait raconté à son fil Critias de retour d’Egypte. Pendant son séjour d’une dizaine d’années sur la terre des pharaons, Solon « l’un des sept sages de la Grèce » rencontra un prêtre de Thèbes ; Sonchis qu’il lui raconta le récit d’un combat héroïque des athéniens contre un peuple ancien; les Atlantes. Cette civilisation prospère avait des connaissances pointues en matière d’architecture, d’irrigation et de métallurgie. L’origine mythologique de l’Atlantide veut que Poséidon se promenant sur l’île tomba amoureux de Cleito, de leur union naquit 10 enfants, (5 paires de jumeaux). Devenus rois, Poséidon partagea le royaume en 10. Devenus trop arrogants et coupables d’hybris , la colère divine se déchaîna et engloutie complètement l’empire.

Aujourd’hui, l’Atlantide fait rêver de nombreux explorateurs et archéologues, même la commandant Cousteau en 1978 part avec son équipe en expédition autour de la Crète. Les hypothèses pleuvent sur sa localisation : Les Açores, Santorin, Les Canaries, l’Antarctique, l’Islande… En septembre 1968, à proximité de l’île de Bimini (archipel des Bahamas), le professeur Manson Valentine du Musée des sciences de Miami découvre des ruines immergées à 6 m de la surface de la mer. La découverte engendre les plus vives controverses car le célèbre médium Edgar Cayce avait prédit en 1930 qu’un site vestige de l’Atlantide serait découvert en 1968 ou 1969 plus précisément aux Bahamas…

Le complexe appelé « Mur de Bimini » forme une gigantesque route sous marine de 70 m de long sur 10 m de largeur. Posés de manière régulière, les blocs de pierres de 5 m d’épaisseur, forme un alignement géométrique. Pour certains il s’agit d’une partie du continent atlante, pour d’autre comme l’historien Pierre Carnac d’un ancien port submergé. A ce jour aucune explication satisfaisante n’a été donnée. Tout le monde semble sonder les profondeurs des océans à la recherche d’une preuve du mythique continent… Pendant que d’autres inventent tout simplement des continents perdus !

La Lémurie de Philip Sclater

Etablie au XIXe siècle par le zoologue Philip Sclater, cette thèse est la seule solution tangible pour le scientifique d’expliquer la présence de l’espèce des Lémuriens à Madagascar et en Malaisie uniquement. La Lémurie serait donc un continent qui aurait existé il y a fort longtemps au cœur de l’océan indien. Cette thèse sera longtemps relayée par le biologiste Ernst Haeckel et Jules Hermann jusqu’aux années 1920.

La légende des 7 temples :

Transmise par la tradition orale, dans la région du Golfe de Cambray (Inde), la population raconte qu’un déluge il y a plus de 10 000 ans entraîna vers le fond de l’océan 6 des 7 temples de Mahabalipuram. Les explorations et les recherches ne donneront rien jusqu’au 19 mai 2001 date de la découverte officielle des temples engloutis datant probablement de la dynastie Pallava (fin du IIIe siècle). Mieux encore, le 26 décembre 2004 grâce au tsunami, la population a pu voir les temples et des sculptures : deux lions géants et un éléphant a environ 40 m du rivage quand l’océan s’est retiré. La légende de Mahabalipuram nous rappelle à tous qu’il y a peut être une chance pour que les mythes rejoignent un jour la réalité.

Yonaguni : monstruosité naturelle ou prodige de l’humanité ?

Découverte en 1985 aux larges de l’île Yonugami, l’énorme structure mégalithique (75 m de long, 20 m de large et 25 m de hauteur ) crée la polémique. Deux thèses s’affrontent : les uns soutiennent que l’édifice est artificiel autrement dit réalisé par l’homme, les autres affirment qu’il s’agit d’un site naturel. Le géologue Kimura de l’université de Ryukyu soutient, en 1999 après 3 années d’études, qu’il s’agit d’une construction faite par l’homme. Les preuves pour lui sont indéniables voici ses arguments : la forme générale de la structure ressemble, avec ses terrasses et ses parois lisses, à une pyramide trop « parfaite », la présence de formes qui ne peuvent par être dues à l’érosion des vagues comme ces escaliers avec des marches de 20cm de haut et l’existence d’une route bordée par un muret de pierres. Pour certain, il s’agit du résultat de l’érosion, les formes géométriques étant du au vieillissement naturel du grès composé de couches sédimentaires. A l’heure actuelle le débat fait toujours rage parmi les géologues. La datation au carbone 14 de 2007 a permis d’estimer la structure entre – 5000 et – 2000 ans.

Toutes les traditions sacrées nous livrent l’existence d’une civilisation brillante disparue dans le passé, ces mythes et ces croyances font référence à un déluge universel qui aurait balayé des continents entiers de la surface de la Terre. Pourtant les témoignages historiques sont rarissimes et les découvertes archéologiques bien maigres. Dans les profondeurs des océans se dissimulent peut-être les preuves de notre antique divinité. Ou bien l’humanité s’invente-t-elle sa propre mythologie ?

S.H.M

Extrait du Timée de Platon

« Cette île était plus grande que la Lybie et l’Asie réunies. Et les voyageurs de ce temps là pouvaient passer par cette île sur les autres îles et des ces îles, ils pouvaient gagner tout le continent, sur le rivage opposé de cette mer qui méritait vraiment son nom.(…) Or dans cette île Atlantide, des rois avaient formé un empire grand et merveilleux. Cet empire était maître de l’île tout entière, et aussi beaucoup d’autres îles et de portions du continent. (…) Mais dans les temps qui suivit il y eut des tremblements de terre effroyables et des cataclysmes. Dans l’espace d’un seul jour et d’une nuit terribles, toute votre armée fut engloutie d’un seul coup sous la terre, et de même l’Atlantide s’abîma dans la mer et disparut. Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, cet océan là-bas est difficile et inexplorable par l’obstacle des fonds vaseux et très hauts que l’île en s’engloutissant a déposés. »

Share