8-9 Juillet 1944 : La bataille de la vallée de Brezons

8-9 Juillet 1944 : La bataille de la vallée de Brezons

Appel à la mobilisation pour rejoindre le maquis

La vallée de Brezons a été le théâtre les 8 et 9 juillet 1944 de la répression nazie contre la résistance. En effet, de nombreux maquisards, des jeunes réfractaires à la STO, des déserteurs des chantiers de jeunesse* et des volontaires cantaliens sont venus répondre à l’appel à la mobilisation des Mouvement Unifiés de Résistance d’Auvergne (M.U.R) dès le 8 mai 1944. Un second appel à mobilisation lancé le 20 mai 1944 renforcera les effectifs des maquis. Les responsables résistants s’organisent face à l’imminence d’un débarquement allié. Ils décident à l’unanimité de constituer trois Réduits pour concentrer leurs forces : le Mont Mouchet, la Truyère et le Lioran. Mais toujours bien renseigné, les Allemands décident l’anéantissement de ces poches de résistance.

 

Les trois réduits qui concentrent les forces de la résistance

LA RÉPRESSION DE LA RÉSISTANCE DANS LE CANTAL

Kurt Von Jesser

L’état major allemand et le général Fritz Brodowski décident d’instituer au début du mois de juin 1944, la brigade Jesser commandée par Kurt Von Jesser. Cette brigade mobile de plus de 2500 hommes et 500 véhicules n’avait qu’un seul but : réprimer et anéantir les maquisards auvergnats et limousins. 

Dès le début de juin, les Allemands attaquent à plusieurs reprises le Mont Mouchet où se sont regroupés plus de 2000 maquisards. Après deux jours de combats les 10 et 11 juin, la dernière offensive allemande oblige les maquisards au repli. La plupart d’entre eux rejoignent le Réduit de la Truyère. Les pertes seront énormes pas moins de 260 maquisards tués, 180 blessés et une centaine d’otages civils fusillés. 

Le 11 juin 1944 à Saint-Flour, le capitaine SS Hugo Geissler qui a sa carte de militant au parti nazi depuis 1933 fait arrêter quarante personnes soupçonnées d’être des « partisans-terroristes ». Il est accompagné de sa brigade spéciale composée de 22 agents français commandée par un ancien commissaire de police, Georges Jany Bâtissier dit capitaine Schmidt, originaire de Moulins.

Groupe de maquisards du Mont-Mouchet

Propagande nazie relatant les faits de Murat

Le 12 Juin 1944 à Murat, Hugo Geissler, à la tête des unités SS et SD chargées de la lutte contre le maquis de la brigade Jesser,  fait fusiller 4 hommes pris à Saint-Flour, et amener 13 personnes pour interrogatoire dont le maire Hector PESCHAUD et deux femmes prises à la place de leur époux absents : Mmes ESPALIEU et SAUNIÈRES. Il mène lui-même les auditions, car il parle le français sans accent. La liste des personnes arrêtées démontre que Geissler n’ignorait rien de leurs activités. Prévenus de l’arrivée de l’ennemi, une soixantaine de maquisards mitraillent les soldats depuis les hauteurs. Hugo Geissler, sept soldats allemands et trois miliciens sont tués dans l’altercation devant l’hôtel de ville. Les otages pris à Murat sont joints à ceux de Saint-Flour ainsi que cinq déserteurs allemands dans la grande salle de l’hôtel « Terminus », soit 53 personnes au total. Pour venger Geissler, les membres du SD de Vichy présents à Saint-Flour établissent une liste de 25 personnes à exécuter dans la nuit du 13 au 14 juin.

En représailles, le 14 juin à 6h15,  les 25 otages sont fusillés à Soubizergues. Les 28 autres otages sont amenés à Vichy. Le 24 juin, une dizaine de maisons sont détruites, 300 personnes contrôlées et 119 muratais, des hommes de 16 à 50 ans sont raflés par la Légion des Tatars de la Volga de la brigade Jesser et déportés au camp de concentration de Neuengamme à 25 kms en sud-est d’Hambourg, un camp de la mort par le travail… 89 d’entre eux ne reviendront jamais à Murat.

Maquisards du groupe « Revanche » près de Chaudes-Aigues

Suite aux combats du Mont Mouchet et l’évacuation du Réduit de la Margeride, les maquisards arrivent en masse, à la Truyère, rejoints par les volontaires de Murat, c’est près de 3000 à 5800 hommes qui arrivent dans le repère. Le Maquis « Revanche » de 300 à 400 hommes occupait et avait la charge d’organiser le réduit de la Truyère depuis septembre 1943. De nombreux parachutages d’armes et d’approvisionnement se succèdent jusqu’à l’offensive allemande le 20 juin. Le 20 juin l’assaut est lancé à 8h30 le matin avec près de 2000 soldats allemands. Les villages d’Anterrieux, de Pradelles et de Saint-Martial sont totalement détruits. Les pertes côté français sont estimées à une centaine de combattants et une dizaine de civils.

Émile COULAUDON

Contrairement à ce qui s’est passé au Mont Mouchet,, aucun lieu de repli n’est prévu : toutes les routes sont barrées, tous les ponts ont sauté. L’évacuation du Réduit de la Truyère ordonnée par le colonel Émile COULAUDON dit « Gaspard », chef de l’armée secrète R6 Auvergne a pour conséquence immédiate la dispersion des compagnies et des responsables de la résistance dans la 3e zone de rassemblement prévue par le Comité régional de Libération de l’Auvergne : la région du Plomb du Cantal. Assaillis de toute part, les maquisards tentent dans la nuit du 20 et 21 juin de franchir à pied la Truyère ou le Bès pour rejoindre les maquis du Cantal.

 

« Ce mouvement atteignit une vaste ampleur mais ce n’était qu’une succession de passages; la plupart des maquisards ne s’arrêtaient pas dans cette zone. Pourtant pendant une dizaine de jours (du 21 juin au 1er juillet), les  plateaux de la Haute Planèze, les vallées du Siniq, du Goul, du Brezons, de l’Epie, du Lagnon, cachèrent un effectif élevé, en fait le gros de l’armée auvergnate… 1000 à 1500 combattants… (…) Le 7 juillet, il restait moins de 4 à 500 hommes dans la région Prat-de-Bouc, Paulhac, Cézens, Brezons, Le Bourguet, Malbo, Pailherols. » Eugène Martres

La région du Plomb du Cantal inquiète particulièrement le commandant allemand qui ordonne une reconnaissance aérienne de la zone le 6 juillet. Pas moins de 6 compagnies sont repérées dans le quadrilatère Malbo, Le Bourguet, Brezons, Vigouroux. Elles sont toutes sous les ordres du capitaine Alfred SILBERT dit « Melbourne » qui établit son poste de commandement à Vigouroux avec la 44e compagnie dirigée par Gustave DELAFOY dit « Air bleu » et la 45e compagnie.

LA BATAILLE DE LA VALLÉE DE BREZONS

« La haute vallée de Brezons. Une entaille verte au droit du Plomb du Cantal à la Truyère, dans la Planèze jaune où les seigles ondulent. Un frais vallon en forme d’auge, fermé par les parois abruptes d’un cirque, ruisselantes de cascades sonores. (…)

Un refuge idéal, semble-t-il.

C’est dans cette haute vallée que les « maquis » après les épisodes tragiques de la Margeride et de la Truyère, vont se replier, avant les derniers coups de boutoir et les soubresauts de la bête nazie aux abois mais encore redoutable. » Jean Ermont.

8 juillet 1944

Très tôt le matin, vers 5h, on signale à Paulhac la présence de camions allemands. La zone est survolée par un avion de reconnaissance. Trois colonnes ennemies regroupant 1800 hommes convergent vers la vallée de Brezons. Une première colonne de 300 hommes du 95e régiment de sécurité arrive depuis Vic-sur-Cère. Sa mission était d’attaquer à partir de Pailherols pour déboucher vers Pont-la-Vieille et Malbo et empêcher tout repli.
Le groupement « Coqui » de 800 hommes arrive depuis Murat et dois attaquer le nord de la vallée de Brezons et  le groupement « Jesser » de 500 hommes venant de Saint-Flour passera par Pierrefort pour arriver par le sud de Brezons. Deux maquisards, trahis par leurs chaussures américaines seront capturés à Pierrefort. Dans ces deux dernières colonnes, il est à noter la présence d’éléments russes les Tatars de la Volga responsables de la rafle de Murat et des Azerbaïdjanais. En ce matin du 8 juillet, le temps est couvert avec beaucoup de brouillard sur les montagnes.
A 6h45, à l’ouest, en bordure de la route de Pont-la-Vieille, le jeune guetteur  André HUON dit « Sanglier » (19 ans) de la 42e compagnie est tué en donnant l’alerte. Il était natif d’Yvetot en Seine inférieure. A 7h, une patrouille de miliciens cherchent à s’infiltrer à Malbo, la 42e compagnie dirigée par le capitaine Serge RENAUDIN D’YVOIR dit « Victoire » intercepte les soldats allemands, elle est appuyé rapidement par le maquis « Philippe » dirigé par Maurice BAYLE et les oblige à se replier à Pont-la-Vieille. Au brouillard succède la pluie, qui l’après midi se transformera en orage.
La 42e compagnie repousse à plusieurs reprises les attaques allemandes pourtant renforcées par des tirs de mortiers. En début d’après-midi, sous l’orage, la 42e compagnie se replie. Les Allemands arrive dans Nouvialle et brulent quelques maisons. A 15h30, Une nouvelle offensive allemande est arrêtée. La 42e compagnie envisage de contre-attaquer quand elle est surprise par l’arrivée depuis Vigouroux d’une colonne allemande surgissant aux Quatres-Routes de Narnhac où elle se heurte à quelques maquisards du groupe « Philippe ». Au croisement des Quatres-Routes, deux maquisards du groupe « Philippe » sont tués; Alexandre PIN dit « La Guillaumette » (18 ans) natif de Monaco et PETALUGUE dit « Escargot ». Adrien DAVAL, futur maire de Vic-sur-Cère (1965-1979) y sera gravement blessé et évacué par les Allemands sur l’hôpital de Saint-Flour. L’arrivée par l’est des Allemands, fait craindre un encerclement. La nuit du 8 juillet, la 42e compagnie décroche jusqu’à Paulhenc. A 22h30, les Allemands entrent dans Narnhac abandonné par sa population alors réfugiée au hameau de Ladascols.

Au nord, dans la vallée de Brezons, l’ennemi équipée de l’artillerie et d’engins blindés s’avance depuis Le Bourguet et pousse jusqu’à Lustrande où des éléments de la 43e compagnie dirigée par Charles GAUSSERES dit « Kléber » sont retranchés. Ils se heurtent à quelques maquisards, cinq d’entre eux et deux civils seront tués. Des fermes et des maisons sont pillées et incendiées au passage des Allemands. Une plaque commémorative  apposée par la famille de Joseph MAGNE nous rappelle le lieu où ce vacher-fromager à la coopérative laitière, âgé de 41 ans, natif de Vigouroux, a été abattu le 8 juillet 1944 par un élément ennemi venant de Murat alors qu’il traversait la petite place pour se rendre chez des voisins.

Nous avons retrouvé dans la base « SGA – Mémoire des hommes » du Ministère de la Défense l’enregistrement des décès des cinq maquisards morts sur la commune ce 8 juillet 1944 :

ARCHER Élie (22 ans), combattant des Forces Françaises de l’Intérieur décédé au Bourguet le 8 juillet tué par les Allemands (Dossier : AC-21P-8829). Il était né le 15 octobre 1922 à Valuéjols. Son nom est inscrit sur le monument de la résistance de Saint-Flour et sur le monument aux morts de Valuéjols.
BARETZKI Jean Francisque (21 ans), combattant de la compagnie de transport des FFI d’Auvergne, décédé au Bourguet le 8 juillet (Dossier : AC-21P-13994). Il était né le 17 août 1922 à Clermont-Ferrand.
DELABRE André Aimé Félix (18 ans), combattant des Forces Françaises de l’Intérieur décédé à Brezons le 8 juillet  (Dossier : AC-21P-114745). Il était né le 21 juillet 1926 à Clermont-Ferrand. La rue qu’il habitait avant de s’engager volontairement dans la résistance porte aujourd’hui son nom à Clermont-Ferrand. Son nom est inscrit sur le monument aux morts et une plaque commémorative de Beaumont.

DELARBRE Jean Baptiste (23 ans), combattant des Forces Françaises de l’Intérieur décédé à Brezons le 8 juillet tué au combat (Dossier : AC-21P-115153). Il était né le 23 juin 1921 à Aubusson dans la Creuse. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Guéret (23).

PATARD Robert Étienne (25 ans), combattant des Forces Françaises de l’Intérieur décédé à la Ruscheyre le 8 juillet tué au combat (Dossier : AC-21P-125453). Il était né le 11 octobre 1919 à Lorient dans la Morbihan. 

Les Allemands gagnent le hameau des Roussinches et incendient la demeure de Pierre DELCHER qui abritait jusqu’au 6 juillet l’état-major des F.F.I d’Auvergne. Pierre DELCHER, un agriculteur, ancien combattant 14-18, est arrêté. Les Allemands l’amène à La Sagnette. Ses fils dont Jean DELCHER ont le temps de se cacher chez des voisins. Jean DELCHER se souvient avoir détruit avant l’arrivée des Allemands les listes oubliées des maquis où l’on retrouvait les adresses des personnes à prévenir en cas de disparition.  Après un interrogatoire, les Allemands lui remettent un permis de retour dans son foyer, mais sur le trajet, il est abattu par une patrouille alors qu’ayant quitté la route il regagnait son domicile à travers champs. Pierre DELCHER était conseiller municipal et âgé de 50 ans.

La famille MALBO d’Arzaliers recueillit le corps de la victime et le plia dans un drap. Mr MALBO attela les bœufs, chargea le corps sur un traineau pour le descendre aux Roussinches et le remettre à son épouse. Il fallut encore l’intervention de l’abbé ALGUILHON, curé de la paroisse, pour convaincre les Allemands de sortir le corps à l’extérieur avant qu’ils ne mettent le feu à tous les bâtiments. 

La famille de Pierre DELCHER a fait apposer une croix commémorative dès le mois de juillet 1944. Son nom figure sur le Monument aux Morts du Bourguet et également sur le Monument de la Résistance de Saint-Flour. 

 Au Cros-Haut, la ferme AJALBERT sera également incendiée car des armes y avait été retrouvées. A partir de là, les Allemands entrèrent à Brezons et leur arrière-garde dut repousser une attaque de quatre maquisards. Ils rejoindront le plateau de Vigouroux où, dans le bourg, il tuent deux nouvelles victimes qui s’enfuyaient avant de parvenir aux Quatre-Routes de Narnhac. Germain CHAMPTEIL (20 ans) qui rentrait par le chemin de Lebréjal à Vigouroux rencontre une patrouille allemande, il jeta la suspicion en accélérant le pas. Aussitôt conduit au bourg, il est fusillé.

A Cézens, 10 voitures de la garnison de Saint-Flour entre dans le village à 7h du matin.

Deux maquisards sont arrêtés et amenés à Saint-Flour; Jean G dit « Furet » et Jean M. dit « Boxeur ». Un troisième le lieutenant H.W à le temps de s’enfuir et de rejoindre son ami « Tigre » agent de liaison du capitaine Silbert. Les maisons et l’école sont méticuleusement fouillées. Mr le maire et Mr le curé sont interrogés. La population craint le pire quand l’ordre est donné aux allemands de rejoindre La Sagnette.

Ils repassent l’après midi avec 28 voitures sur la route de Pont Farin en direction d’Arjaloux et les Chabasses. A Arjaloux, deux maquisards, « Napoléon » un corse de 30 ans environ et « Tatave » de 20 ans se font surprendre. « Napoléon » sera tué d’une balle dans le dos et « Tatave » ayant épuisé ses munitions sera fait prisonnier avant d’être fusillé à Bélinay dans la soirée. 

A Gourdièges,  René Gilbert BOIVIN (17 ans), originaire de Montluçon, combattant des Forces Françaises de l’Intérieur tombe au combat  (Dossier : AC-21P-25851)

9 juillet 1944

Le 9 juillet, seule la colonne Jesser poursuivra les opérations. Il s’agissait de découvrir les caches d’armes et les groupes de maquis qui se dissimulaient encore. Les deux autres colonnes rejoignent le soir même la région de Bourg-Lastic dans le Puy de Dôme et au passage participent aux opérations à Riom-ès-Montagnes.

Près de 500 Allemands de la brigade Jesser restent et organisent une grande traque à la recherchent des maquisards et du matériel de guerre. Ils éviteront de trop s’éloigner des routes et des villages. Les intempéries les empêchent d’utiliser l’avion de reconnaissance. 

La population civile vivra dans l’angoisse et la terreur.

Au Bourguet, Henri MARTIN (19 ans) sergent F.T.P né le 22 mai 1925 à Clermont-Ferrand est capturé par les Allemands. Il sera fusillé le 13 juillet près d’Orcines avec 23 autres résistants.

Dans les registres d’état civil de la commune de la section du Bourguet, nous avons retrouvé l’acte de décès de Georges SARDENNE, tué au combat et mort pour la France le 9 juillet à 22h à Brezons à 22 ans. Originaire de Chamapagnac les Mines, il était agriculteur à Riom ès Montagne et combattant des Forces Françaises de l’Intérieur. (Dossier : AC-21P-151946)

Vers midi, à Narnhac, les Allemands vont arrêter le maire Antoine ALDEBERT et Bertrand VIDALENC un réfugié de Paris. Les deux hommes se seraient occupés de la mobilisation pour les maquis et ont été dénoncés à l’ennemi.

Comment les Allemands l’ont-ils su ? En cette journée du 9 juillet, ils paraissaient très bien renseigné et leurs évolutions ne s »effectuaient jamais au hasard.

En fin d’après midi, tous les hommes âgés de 18 à 60 ans sont rassemblés dans le pré dit « La Cartalade ». Peu avant 19h, Antoine ALDEBERT et Bertrand VIDALENC sont escortés jusqu’au pré où ils sont exécutés devant les hommes du village. En passant devant la maison d’une parente, le maire aurait crié en patois :  » ils nous font prendre le chemin du cimetière. » 

Le même jour à Narnhac, deux maquisards décèdent : Marie Michel BEMER (20 ans) originaire de Thiourville en Moselle, est tué au combat et André SAUREL (23 ans) originaire de Béziers dans l’Hérault meurt des suites de ses blessures.

A Thérondels, une colonne de 180 Allemands fouille le village. Dans le café Vidal, une patrouille repère un jeune maquisard qui est fait prisonnier mais elle tire à bout portant sur les clients. Quatre civils sont tués, Michel DEGOUL (18 ans), Victor LEYMARIE (18 ans), Célestin VERRIER (48 ans) père de quatre enfants, et Denis RAYNAL (44 ans), père de deux enfants.

Le 9 au soir, les Allemands semblent considérer les opérations terminées. Le général Fritz Brodowski écrit un rapport :  » avance le bilan suivant : 11 ennemis tués, 6 arrêtés,. Butin : 30 containers avec armes et munitions; par ailleurs quelques armes et explosifs; 15 véhicules dont la plupart en panne. (…) Propres pertes : 4 blessés« . Or le service allemand de Berlin chargé du recensement des pertes indique 2 tués et 2 blessés.

10 juillet 1944

A Pierrefort, la ville est cernée par une colonne venant de Brezons.Tous les hommes sont rassemblés « face au mur » du garage au Pont de la Mare sous la menace des mitrailleuses. Ils restent ainsi pendant plusieurs heures sous la pluie le temps que plusieurs maisons soient fouillées. N’ayant rien trouvé, les Allemands relâchent la population. 

Ce « laxisme » de la part des troupes allemandes qui ont à plusieurs reprises traversé le bourg de Pierrefort sans faire aucun dégâts malgré la présence de l’hospice communal des blessés reste étrange comme le note le Musée de la Résistance d’Antérieux. 

Jean Ermont retranscrit dans son ouvrage « Et la liberté, enfin » les pourparlers entre un pierrefortais et le commandant allemand: « Un homme sort du groupe, les bras en l’air. Il demande à parler au commandant. C’est un notable du bourg qui joue son va-tout, non sans un certain courage. Il explique la situation au bourg. Qu’il n’y a pas de « terroristes » ni de maquisards. Que certains ont été en effet « mobilisés » à la Truyère. Qu’ils y étaient contraints.

(…) Le bourg, n’est pas anti-allemand. Chacun y travaille en paix et satisfait à toutes les réquisitions. On y vénère le Maréchal qui a toute la confiance des gens.

Ce discours semble amuser le chleu qui mordille son cigare. Il pleut.

Arrive un grand escogriffe en uniforme français trempé. Depuis quelques semaines on le voyait déambuler dans son bel uniforme « du premier régiment de France » disait-il. une mitrailette Sten toujours à l’épaule. Personne n’y prêtait beaucoup attention.

Il fréquentait avec assiduité une fille du haut bourg. Il était reçu par la famille et y couchait. il était bien renseigné sur tout ce qui se passait dans ce bourg et les opinions de chacun.

On le croyait « Résistant ». C’était un mouchard.

Il monte à côté du commandant allemand. de toute évidence, il rend compte. Il est écouté. Longues palabres. 

– Non, il n’y a pas de Résistants dans ce lot (…)

L’officier crache le cigare, déçu. Il hésite un instant et finalement donne un ordre.On plie bagages. C’est le départ.  »

Une pensée pour les enfants du pays morts pour la France pendant la seconde guerre mondiale :

Henri ROUCHES (40 ans) né le 24/02/1902 à Chauteil à Brezons, soldat de la 613e Régiment de Pionniers (Infanterie) est mort pour la France le 29 mars 1942 mort en captivité à Ludwigsburg en Allemagne (Dossier : AC-21P-147561). Son nom figure sur le monument aux morts de Pierrefort, commune où il s’était installé comme ouvrier agricole avec son épouse Maria VIDAL.

Jean Victor Denis VIDALENC (32 ans) né 03/05/1908 à Brezons, Maréchal des Logis de la 56e RAM décède le 24 février 1940 suite à une maladie à l’hôpital complémentaire du collège Monge à Beaune en Côte d’Or (Dossier : AC-21P-171675)… Son acte de décès est retranscrit à l’état civil de Brezons. Curieusement, il ne figure pas sur les monuments aux morts de la commune.

Baptiste SALVAN (37 ans) né le 07/11/1903 à Farreyre à Brezons, soldat de la 427e RP est mort pour la France le 27 juin 1940 des suites d’une maladie à Hohenstein en Allemagne (Dossier : AC-21P-149279). Son acte de décès est retranscrit à l’état civil de Brezons.  Il a son nom gravé sur le monument aux morts du bourg de Brezons.*

Sur le monument aux morts du Bourguet un autre civil apparait dans les victimes du conflit d’Indochine (1945-1954) ; Roger Jean VALAT (19 ans) né le 18/06/1928 à Brezons, soldat de deuxième classe au CBI du 1er Régiment des Chasseurs Parachutistes, est décédé des suites de ses blessures à l’Hôpital militaire d’Hanoi en Tonkin le 17/06/1947 à 21h. Son acte de décès est retranscrit en 1951 à l’état civil de la commune.

Notes :* Le chantier de jeunesse N°40 « Arvernes » est institué dès septembre 1940 pour apprendre aux jeunes français l’éducation morale, civile et intellectuelle par le travail. Jusqu’à 800 jeunes sont disséminés entre Albepierre, Auzolles, Ampalat, Bélinay, Chalinargues et Laveissière. En février 1943, avec la loi sur le Service du Travail Obligatoire (S.T.O), les jeunes fuient le chantier et certains d’entre eux rejoignent le maquis.** Les monuments aux morts de la commune ont été érigés vers 1922 et scuptés par Mr Imbert Lesme.


Bibliographie :

  • ERMONT Jean, « Le Brezons – été 1944 », 
  • MARTRES Eugène, « Le Cantal de 1939 à 1945; les troupes allemandes à travers le Massif central », Éditions De Borée, 1993. 
  • Musée de la résistance d’Antérieux, « Vallée de Brezons – Juillet 1944″, coll. Mémoire de la résistance cantalienne », 2010.

Lieux de Mémoire et Monuments du Souvenir. Association des Maquis et Cadets de la Résistance du Cantal.

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