Le tricot une nouvelle tendance !

Le tricot une nouvelle tendance !

Interview parue sur le site d’informations locales Infos-dijon.com le 24 février 2013 et relayée par Creusot-infos.com et Macon-infos.com le 25 février 2013.

Ces dernières années, le tricot fait un grand retour en France. De l’habillement pour se constituer une garde-robe personnalisée à la décoration, les mailles recouvrent tout pour donner à votre intérieur un univers douillet et chaleureux. Infos-Dijon a voulu en savoir plus sur ce renouveau du tricot en rencontrant Madame O’, une jeune tricoteuse qui crée des vêtements et des accessoires faits main et sur mesure.

Les reportages télévisuels ne s’y trompent pas et de nouvelles entreprises se sont emparées de la tendance. L’idée la plus originale est celle de Jérémy Emsellem, alors étudiant, qui crée en 2006 le site Golden Hook (www.goldenhook.fr/fr/) où on vous propose de choisir votre grand-mère et de créer votre modèle de bonnet ou d’écharpe en choisissant la forme, la matière et la couleur… Votre grand-mère le tricotera pour vous ! Le tricot envahit désormais les rues avec le « Street tricot »… On habille désormais les lampadaires, les parcmètres ou les statues de laine et de couleurs. Ultime consécration, le 13 juin est devenue la journée mondiale du tricot (www.journee-mondiale-du-tricot.com). Infos-Dijon a rencontré une jeune tricoteuse pour tenter de comprendre ce nouvel engouement pour le tricot. Originaire de Dijon, celle qui se fait appeler Madame O’ s’est installée à Nuits-Saint-Georges et a ouvert sa boutique en ligne, O’Créations.

Portrait de Madame O’, une jeune tricoteuse dijonnaise

S.H-M : D’abord, comment vous est venue cette passion pour le tricot ?

O’ : Eh bien j’ai toujours admiré les jolis pulls irlandais qui semblent tellement chauds et douillets. Et j’avoue que j’en avais assez de devoir payer trop cher des pulls mal taillés et qui passaient difficilement un hiver avec les honneurs. Puis l’envie de se démarquer et de ne pas porter la même chose que tout le monde bien sûr !

Mais le déclic s’est fait pendant l’hiver 2005, je cherchais alors une écharpe rouge, un peu originale, et ne trouvant pas mon bonheur en boutique, je me suis dit que je pourrais peut-être bien la tricoter moi-même. J’ai pris conseil auprès d’une collègue de travail de l’époque, et après avoir sué pendant des jours sur cette écharpe, j’ai voulu m’attaquer à quelque chose de plus gros, un pull pour moi.

Du coup, je ne me suis plus arrêtée. Aligner maille après maille et voir naître un ouvrage sous ses doigts, c’est magique.

S.H-M : Quand on pense au tricot, on a souvent l’image d’Epinal d’une grand-mère tricotant devant son jeu de télévision préféré. Or les études* montrent que cette activité connait un regain d’intérêt des femmes de 25-35 ans mais aussi des hommes. En effet, 51 % d’entre eux déclarent désirer apprendre le tricot. A vote avis, comment s’explique cette évolution de mentalités et ce renouveau du tricot ?

Je suis moi-même dans cette tranche d’âge des 25-35 ans !

Je ne crois pas que le tricot était passé de mode, les grands-mères ont toujours tricoté pour leurs époux ou leurs petits-enfants. Et quand j’étais petite, ma nounou (qui n’était pas une vieille dame) m’avait montré les rudiments du tricot.

Ce qui est très à la mode, c’est le do it yourself (en français « fais le toi-même »). Les gens ont envie de faire quelque chose de leurs mains et de revenir à certaines valeurs en réponse à l’industrialisation massive de tous les articles de consommation courante. Quoi de plus gratifiant quand on nous dit qu’on a une chouette écharpe ou un joli pull de pouvoir répondre « c’est moi qui l’ai fait ! ». Je crois que le made in China est pour beaucoup dans ce phénomène.

Et j’ai déjà surpris mon mari quelque fois, qui m’observait pendant que je tricotais. Je lui ai demandé plusieurs fois s’il voulait que je lui apprenne, mais jusqu’ici je n’ai pas réussi à le convaincre.Hum… par contre je dois avouer que je tricote devant mon écran moi aussi, avec mon chat endormi à coté de moi.

Un gilet d’inspiration scandinave réalisé par O’Créations.

S.H-M : Vérifiez-vous ce renouveau auprès de votre clientèle ? Si oui, quelles sont leurs principales motivations pour vous commander des vêtements et des accessoires faits à la main ?

Mes acheteurs sont des gens de mon âge, plus ou moins. Je dirais moins de 40 ans pour la majorité d’entre eux. Je ne suis pas sûre de ce qui les motive en réalité, je reçois souvent des compliments quand j’arbore un nouveau bonnet, ou un nouveau pull.

Certains participent à la promotion active du petit artisanat, et pour eux passer commande auprès de moi est une évidence.

En décembre, j’ai eu beaucoup de demandes pour des cadeaux. Offrir du fait main c’est vraiment offrir un joli cadeau.

Les chaussons de naissance aussi fonctionnent bien. Il paraît que les chaussettes pour les tout-petits qu’on trouve dans le commerce ne tiennent pas et que les bébés les perdent, alors que celles que je fais restent bien sur leurs pieds.

Et il y a ceux qui, comme moi, ne trouve rien qui leur plaise en magasins, alors ils me commandent du sur-mesure.

S.H-M : Alors qu’une vaste campagne est menée par le gouvernement en faveur du Made in France, l’opinion rétorque, même si elle est majoritairement favorable à une consommation responsable, que la plupart des vêtements fabriqués en France sont plus chers que la moyenne. Qu’en pensez-vous ?

C’est vrai que les vêtements fabriqués en France sont un peu plus chers que ceux fabriqués en Inde ou à Taïwan. Mais il faut comparer ce qui est comparable ! Acheter auprès des artisans ou des fabricants français, c’est donner du travail à ses compatriotes, et leur permettre de vivre de leur activité. C’est aussi un gage de meilleure qualité et de durabilité. J’ai tricoté mes premières chaussettes en 2006, je les porte tous les hivers dans mes Doc’s Martens, je les passe à la machine, et elles sont toujours en parfait état.

S.H-M : Comment fonctionne votre petite entreprise, créez-vous des collections ou fonctionnez-vous à la commande ?

Jusqu’à très récemment, je ne tricotais pas sur commande, ou alors exceptionnellement pour les amis proches. Je tricotais ce qui me faisait envie, et je le vendais si je n’en avais pas l’utilité.

Depuis l’année dernière, je tricote davantage de choses, j’ai appris à mieux maîtriser mes aiguilles et les techniques avec le temps.

Je propose parfois aux amis, quand je crois qu’un modèle pourrait leur plaire et que j’ai envie de le réaliser.

Avec la boutique j’ai du apprendre à fonctionner un peu différemment. Je prépare une collection d’accessoires d’hiver pour cet automne, et j’aimerais pouvoir proposer plus d’articles (et donc de choix) en prévision des fêtes de fin d’année.

Et je prends des commandes sur-mesure, mais c’est un peu au coup de cœur. Tricoter à la main prend du temps, et il m’est impossible de travailler sur quelque chose qui ne me plaît pas ! Sans compter qu’un pull sur commande par exemple, me prendrait bien longtemps à faire, et je ne pourrai pas le proposer à un tarif décent.

S.H-M : Vous avez choisi d’ouvrir une boutique en ligne pour vendre vos produits faits main. Est-ce une question pratique ? Ou avez-vous eu des difficultés à trouver une boutique dans l’agglomération dijonnaise prête à vendre vos créations ?

La boutique en ligne s’est imposée à moi comme une évidence. De nos jours beaucoup de personnes achètent sur internet, c’est tellement pratique !

Ça me permet aussi de toucher des clients éloignés géographiquement, que je n’aurais pas impactés autrement.

A vrai dire je n’ai pas démarché de boutiques dijonnaises, j’avais simplement discuté avec « Le Comptoir Irlandais », mais prise par le temps je n’avais finalement pas pu donner suite.

Aujourd’hui j’y pense davantage, et je me dis que vendre par l’intermédiaire d’une vraie boutique, en physique, ou les clients pourraient toucher et voir de plus près serait vraiment chouette.

S.H-M : Quel est le vêtement ou l’accessoire que vous vendez le plus ? Et combien d’heures sont nécessaires pour le réaliser ?

Les accessoires d’hiver ont beaucoup de succès. Les mitaines torsadées, les bonnets, les écharpes, et même les moufles. Ce sont de petites pièces, abordables, et réalisables en peu de temps (quelques jours à peine pour la plupart).

S.H-M : Comment peut-on vous contacter ? Et où trouver vos créations en tricot ?

On peut me contacter via la boutique en ligne : http://ocreations.alittlemarket.com ou par ma page Facebook : http://www.facebook.com/pages/OCreations/179462302090475

Tout ce qui est disponible à la vente se trouve dans la boutique ALM (qui est une plateforme pour boutiques en ligne réservée au fait-main « made in France »).

Propos recueillis par
Sarah Hubert-Marquez

* Source : Ipsos « Vers un retour du tricot » 2007

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