L’empoisonneuse des presbytères (Bretagne)

L’empoisonneuse des presbytères (Bretagne)

Hélène Jégado est née en juin 1803 dans un famille de cultivateurs à Lorient. C’est une femme pieuse et bienveillante. Sérieuse et discrète, elle travaille depuis l’âge de 7 ans comme femme à tout faire suite à la mort de sa mère. Son père la place au presbytère de Bubry puis à celui de Seglien.

En 1833, Hélène est cuisinière à Guern (Morbihan) pour Mr Le curé Le Drogo. Le malheur frappe le presbytère en pleine été, 7 personnes meurent dont la sœur d’Hélène, Anna Jégado, après d’horribles souffrances jusqu’au 7 octobre. Les médecins pensent à une épidémie. Les villageois saluent la dévotion d’Hélène qui a prié et soigné les malades. Elle retrouve rapidement du travail au presbytère de Bubry grâce à sa tante Marie-Jeanne. Mais là encore, 3 décès surviennent. Hélène continuera sa route d’employeur en employeur, à Auray, Locminé, Lorient… où 7 personnes décèderont dans les mêmes circonstances dont la petite Marie Bréger (2 ans et demi) à Ploemeur en mai 1841

Hélène est maudite, elle dit alors « la mort me suit ». Les gens la fuient craignant d’être victime d’un sortilège. A Pontivy, le maire engage Hélène comme cuisinière, rapidement, son fils de 14 ans Emile Jouanno meurt après de nombreux vomissements. Elle ne ménage pas sa peine en restant au chevet de l’enfant, mais rien a faire. La fatalité s’abat de nouveau après 7 autres décès à Pontivy.

Ostracisée par tout les villages, Hélène monte à Rennes en 1849, dans cette grande ville où sa réputation n’est pas connue. L’hôtel « du bout du monde » l’embauche. Peu de temps après, une femme de chambre, Perotte Macé meurt. Hélène repart à la recherche d’un employeur, fuyant à nouveau sa malédiction.

En 1850, le professeur à la faculté de droit de Rennes, Mr Théophile Bidard de La Noe lui donne la responsabilité de ses cuisines. Rose Tessier la femme de chambre montre des signes d’affaiblissement important. Hélène la soutient et lui apporte les potions du médecin. Mais le 7 novembre 1850, Rose trépasse. Une remplaçante arrive, Françoise Hureaux mais elle retourne chez ses parents dès les premiers symptômes. Rosalie Sarrasin qui succède à Françoise, inévitablement décède le 1 juillet 1851. Cette fois les médecins soupçonnent un empoisonnement et alertent le procureur de la République Mr du Boban.

Le 6 décembre 1851 s’ouvre le procès de « La sorcière de Bretagne ». Elle sera jugée pour 3 meurtres et 3 tentatives alors qu’on lui en prête 37. la prescription légale était de 10 ans à l’époque. Hélène nie farouchement alors même que les autorités ont retrouvé de l’arsenic dans ses bagages. L’exhumation des corps, les analyses chimiques et l’enquête la désigne coupable. Le 14 décembre 1851, Hélène Jégado est condamnée à mort à 48 ans. La sentence sera exécutée le 26 février 1852 sur le Champ de Mars de Rennes.

Les journaux publieront sa lettre de confession après sa mort : « Sur le point de paraître devant Dieu et voulant expier mes fautes, je déclare me reconnaître coupable des empoisonnements relatés dans mon acte d’accusation. » Hélène Jégado indique même que ses crimes étaient plus nombreux que ceux découverts…

Hélène Jégado reste la plus grande « serial-killer  » que la France est jamais vue.

Sarah Hubert-Marquez

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